Un p'tit sujet pour celui qui reste mon poète préféré à moi du monde entier et du temps infini
Je ne saurais trop comment présenter ce brave bonhomme, juste dire qu'il naquit le 20 Octobre 1854 et s'en alla avec le vent (l'homme aux semelle devant, surnom donné par Sieur Verlaine) le 10 Novembre 1891 si mes souvenirs sont bons...
Donc 37 ans de vie, courte certes mais sa vie littéraire n'est même pas ceci, pas même un lambeau de sa vie et pourtant éternelise le poète... (1868-1875 à peu près)
En fait, l'homme a été très marqué par mister Baudelaire qu'il nomme lui-même dans ses lettres du voyant le "premier Voyant, un vrai Dieu !" place qu'il prendre à mon humble avis bien que les contemporains nommèrent Verlaine comme Prince des poètes. Mouais...
Donc Rimbaud a enfanté une poésie emprunte de symbolisme dans la majeure partie de son oeuvre bien qu'elle fut d'abord embrumée par le Parnasse.
Il faut mettre en parallèle la vie du barde avec son oeuvre. Il me semble assez difficile de désunir ces deux choses. Autant il est possible de le faire pour certains poètes comme Hérédia par exemple, ici il faut voir que les poèmes de Rimbaud son nourris par sa jeunesse, sa révolte, ses fugues, son ardente aspiration à la liberté...
Rimbaud nihiliste ? Je me le demande parfois. Mais il décompose et recompose à son gré (cf Voyelles) démonte les valeurs, oublie les finitudes et crée avec force et violence son monde, monde où la Poésie serait capable de façonner avec ses rythmes et ses rimes le quotidien.
Il faut voir aussi dans ses poèmes la redoutable dualité qui les hante.Où a-t-on déjà vu tant de beauté avec tant de grossierté, tant de subtilités avec tant de violence ? Il marie magnifiquement la vulgarité et réussi à mon avis à rendre beau (mais quel beau ?) des mots et expressions prosaïques laissés à tous les parias du 19eme, cad les poètes nottament.
Hum, je me perd un poil. Enfin je conseille fortement à ceux qui ne connaisse pas l'oeuvre du génie précoce de la feuilleter. Ils ne regretterons pas je pense et même si l'ensemble ne choque pas forcément certains poèmes peuvent marquer...
Il est l'auteur du Bateau Ivre bien sûr...
Rêvé pour l'hiver
L'hiver, nous irons dans un petit wagon rose
Avec des coussins bleus.
Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose
Dans chaque coin moelleux.
Tu fermeras l'oeil, pour ne point voir, par la glace,
Grimacer les ombres des soirs,
Ces monstruosités hargneuses, populace
De démons noirs et de loups noirs.
Puis tu te sentiras la joue égratignée...
Un petit baiser, comme une folle araignée,
Te courra par le cou...
Et tu me diras : " Cherche ! " en inclinant la tête,
- Et nous prendrons du temps à trouver cette bête
- Qui voyage beaucoup...
Vénus Anadyomène
Comme d'un cercueil vert en fer blanc, une tête
De femme à cheveux bruns fortement pommadés
D'une vieille baignoire émerge, lente et bête,
Avec des déficits assez mal ravaudés ;
Puis le col gras et gris, les larges omoplates
Qui saillent ; le dos court qui rentre et qui ressort ;
Puis les rondeurs des reins semblent prendre l'essor ;
La graisse sous la peau paraît en feuilles plates ;
L'échine est un peu rouge, et le tout sent un goût
Horrible étrangement ; on remarque surtout
Des singularités qu'il faut voir à la loupe...
Les reins portent deux mots gravés : Clara Venus ;
- Et tout ce corps remue et tend sa large croupe
Belle hideusement d'un ulcère à l'anus.