Allégorie du Silence
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Allégorie du Silence

Les mots sont le reflet de l'âme, le silence les entoure, des pages et des pages qui se tournent ...
 
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 Emaux et Camées, Gautier

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4 participants
AuteurMessage
karnh
Chevalier du Royaume de l'Allégorie
karnh


Nombre de messages : 136
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Localisation : Parmi les fleurs et les soleils
Date d'inscription : 06/01/2007

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MessageSujet: Emaux et Camées, Gautier   Emaux et Camées, Gautier EmptyVen 6 Avr - 18:30

Bien le bonjour camarades ! pirat

Alors Gautier et son célèbre gilet rouge. cherry Je ne parlerais point ici-bas de son existence et de son oeuvre en général mais juste d'un ptit recueil magnifique je trouve qu'est Emaux et Camées.

Ca fait ma foi quelques temps que je ne l'ai point feuilleter mais si vous appréciez la poésie du 19eme je vous conseille bien sûr. Poésie du 19 eme ??? Mais c'est large tout ça geek Ah bon, gazou ? Gné, lors donc recueil publié en 1862 si mes souvenirs are good but I'm not sure. So tardif mais encore emprunt de romantisme et déjà de Parnasse.
La forme de chaque poème est strictement parfaite. Chaque ode est ne sculpture, chaque vers une conception immaculée Rolling Eyes Contrairement aux Parnassiens de le première génération (Leconte de Lisle for example) il reste ici un sublime relente d'émotion et de passion. Autant Heredia ou Prudhomme à cette époque cisèle pas mal la rime autant Théophile Gautier cisèle Et touche.

Je trouve ce recueil admirable en ce sens qu'il a la prétention de flatter les yeux et le coeur sans minimiser l'un des deux aspects. Alors bien sûr tous les poèmes ne sont pas des joyaux à mes yeux mais certains sont admirables formellement et sensoriellement. Sleep



L'aveugle

Un aveugle au coin d'une borne,
Hagard comme au jour un hibou,
Sur son flageolet, d'un air morne,
Tâtonne en se trompant de trou,

Et joue un ancien vaudeville
Qu'il fausse imperturbablement ;
Son chien le conduit par la ville,
Spectre diurne à l'oeil dormant.

Les jours sur lui passent sans luire ;
Sombre, il entend le monde obscur,
Et la vie invisible bruire
Comme un torrent derrière un mur !

Dieu sait quelles chimères noires
Hantent cet opaque cerveau !
Et quels illisibles grimoires
L'idée écrit en ce caveau !

Ainsi dans les puits de Venise,
Un prisonnier à demi fou,
Pendant sa nuit qui s'éternise,
Grave des mots avec un clou.

Mais peut-être aux heures funèbres,
Quand la mort souffle le flambeau,
L'âme habituée aux ténèbres
Y verra clair dans le tombeau !




Premier sourire du printemps

Tandis qu'à leurs oeuvres perverses
Les hommes courent haletants,
Mars qui rit, malgré les averses,
Prépare en secret le printemps.

Pour les petites pâquerettes,
Sournoisement lorsque tout dort,
Il repasse des collerettes
Et cisèle des boutons d'or.

Dans le verger et dans la vigne,
Il s'en va, furtif perruquier,
Avec une houppe de cygne,
Poudrer à frimas l'amandier.

La nature au lit se repose ;
Lui descend au jardin désert,
Et lace les boutons de rose
Dans leur corset de velours vert.

Tout en composant des solfèges,
Qu'aux merles il siffle à mi-voix,
Il sème aux prés les perce-neiges
Et les violettes aux bois.

Sur le cresson de la fontaine
Où le cerf boit, l'oreille au guet,
De sa main cachée il égrène
Les grelots d'argent du muguet.

Sous l'herbe, pour que tu la cueilles,
Il met la fraise au teint vermeil,
Et te tresse un chapeau de feuilles
Pour te garantir du soleil.

Puis, lorsque sa besogne est faite,
Et que son règne va finir,
Au seuil d'avril tournant la tête,
Il dit : " Printemps, tu peux venir ! "
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Astral Romance
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Astral Romance


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MessageSujet: Re: Emaux et Camées, Gautier   Emaux et Camées, Gautier EmptyVen 6 Avr - 19:27

Je vois que nous avons beaucoup d'amateurs de poésie dans ce forum, Princesse Sip Sip devrait être ravie Smile

Pour ma part, je ne suis pas très fan de Gautier (dont j'ai lu certains contes fantastiques genre La Cafetière, Le chevalier double, tout ça ...), il est vrai que les poèmes que tu as mis sont charmants (bon ce n'est peut-être pas le mot approprié, mais faute de mieux ...) mais ça ne me transcende pas ... Je préfère quand même Baudelaire ou Rimbaud.
Bon après tout c'est subjectif, peut-être que tout le monde va me huer Smile
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MessageSujet: Re: Emaux et Camées, Gautier   Emaux et Camées, Gautier EmptyVen 6 Avr - 20:50

Contrairement a Astral, j'adore Gautier, et je dois dire que je n'avais pas encore le temps d'approcher son coté poésie (honte a moi) et je te remercie d'y avoir remedier un petit peu ...

Puis aussi je voudrais reprendre une petite chose, il ne faut pas oublier que Baudelaire idolatrait Gautier ;-) et que sans lui, Baudelaire n'aurait pas été Baudelaire ^^ (enfin si mais euh, pas le meme... ok je m'embrouille la)
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MessageSujet: Re: Emaux et Camées, Gautier   Emaux et Camées, Gautier EmptySam 7 Juil - 13:14

je l'ai lu derniement, alors je vous fait par, des poemes qui m'ont plu :p

Coquetterie posthume

Quand je mourrai, que l'on me mette,
Avant de clouer mon cercueil,
Un peu de rouge à la pommette,
Un peu de noir au bord de l'oeil.

Car je veux dans ma bière close,
Comme le soir de son aveu,
Rester éternellement rose
Avec du kh'ol sous mon oeil bleu.

Pas de suaire en toile fine,
Mais drapez-moi dans les plis blancs
De ma robe de mousseline,
De ma robe à treize volants.

C'est ma parure préférée ;
Je la portais quand je lui plus.
Son premier regard l'a sacrée,
Et depuis je ne la mis plus.

Posez-moi, sans jaune immortelle,
Sans coussin de larmes brodé,
Sur mon oreiller de dentelle
De ma chevelure inondé.

Cet oreiller, dans les nuits folles,
A vu dormir nos fronts unis,
Et sous le drap noir des gondoles
Compté nos baisers infinis.

Entre mes mains de cire pâle,
Que la prière réunit,
Tournez ce chapelet d'opale,
Par le pape à Rome bénit :

Je l'égrènerai dans la couche
D'où nul encor ne s'est levé ;
Sa bouche en a dit sur ma bouche
Chaque Pater et chaque Ave.




Marbre de Paros

Un jour, au doux rêveur qui l'aime,
En train de montrer ses trésors,
Elle voulut lire un poème,
Le poème de son beau corps.

D'abord, superbe et triomphante
Elle vint en grand apparat,
Traînant avec des airs d'infante
Un flot de velours nacarat :

Telle qu'au rebord de sa loge
Elle brille aux Italiens,
Ecoutant passer son éloge
Dans les chants des musiciens.

Ensuite, en sa verve d'artiste,
Laissant tomber l'épais velours,
Dans un nuage de batiste
Elle ébaucha ses fiers contours.

Glissant de l'épaule à la hanche,
La chemise aux plis nonchalants,
Comme une tourterelle blanche
Vint s'abattre sur ses pieds blancs.

Pour Apelle ou pour Cléoméne,
Elle semblait, marbre de chair,
En Vénus Anadyomène
Poser nue au bord de la mer.

De grosses perles de Venise
Roulaient au lieu de gouttes d'eau,
Grains laiteux qu'un rayon irise,
Sur le frais satin de sa peau.

Oh ! quelles ravissantes choses,
Dans sa divine nudité,
Avec les strophes de ses poses,
Chantait cet hymne de beauté !

Comme les flots baisant le sable
Sous la lune aux tremblants rayons,
Sa grâce était intarissable
En molles ondulations.

Mais bientôt, lasse d'art antique,
De Phidias et de Vénus,
Dans une autre stance plastique
Elle groupe ses charmes nus.

Sur un tapis de Cachemire,
C'est la sultane du sérail,
Riant au miroir qui l'admire
Avec un rire de corail ;

La Géorgienne indolente,
Avec son souple narguilhé,
Etalant sa hanche opulente,
Un pied sous l'autre replié.

Et comme l'odalisque d'Ingres,
De ses reins cambrant les rondeurs,
En dépit des vertus malingres,
En dépit des maigres pudeurs !

Paresseuse odalisque, arrière !
Voici le tableau dans son jour,
Le diamant dans sa lumière ;
Voici la beauté dans l'amour !

Sa tête penche et se renverse ;
Haletante, dressant les seins,
Aux bras du rêve qui la berce,
Elle tombe sur ses coussins.

Ses paupières battent des ailes
Sur leurs globes d'argent bruni,
Et l'on voit monter ses prunelles
Dans la nacre de l'infini.

D'un linceul de point d'Angleterre
Que l'on recouvre sa beauté :
L'extase l'a prise à la terre ;
Elle est morte de volupté !

Que les violettes de Parme,
Au lieu des tristes fleurs des morts
Où chaque perle est une larme,
Pleurent en bouquets sur son corps !

Et que mollement on la pose
Sur son lit, tombeau blanc et doux,
Où le poète, à la nuit close,
Ira prier à deux genoux.


et mon petit préféré


Le monde est méchant


Le monde est méchant, ma petite :
Avec son sourire moqueur
Il dit qu'à ton côté palpite
Une montre en place de coeur.

- Pourtant ton sein ému s'élève
Et s'abaisse comme la mer,
Aux bouillonnements de la sève
Circulant sous ta jeune chair.

Le monde est méchant, ma petite :
Il dit que tes yeux vifs sont morts
Et se meuvent dans leur orbite
A temps égaux et par ressorts.

- Pourtant une larme irisée
Tremble à tes cils, mouvant rideau,
Comme une perle de rosée
Qui n'est pas prise au verre d'eau.

Le monde est méchant, ma petite :
Il dit que tu n'as pas d'esprit,
Et que les vers qu'on te récite
Sont pour toi comme du sanscrit.

- Pourtant, sur ta bouche vermeille,
Fleur s'ouvrant et se refermant,
Le rire, intelligente abeille,
Se pose à chaque trait charmant.

C'est que tu m'aimes, ma petite,
Et que tu hais tous ces gens-là.
Quitte-moi ; - comme ils diront vite :
Quel coeur et quel esprit elle a !
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Meresankh
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MessageSujet: Re: Emaux et Camées, Gautier   Emaux et Camées, Gautier EmptySam 7 Juil - 18:37

J'adore Gautier, ça fait une éternité que je dois lire d'autres romans de lui - j'en suis restée au Roman de la momie ^o^
Franchement je préfère sa prose à ses poèmes, mais tu as raison mam'zelle Princesse , le petit dernier est chouette I love you
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