En parlant d'amour, je viens de terminer le Banquetde Platon, très belle réflexion sur le thème^^
C'est un dialogue socratique, un peu différent des autres au niveau de la forme, où Socrate, Aristophane, Agathon et quelques autres se retrouvent à un banquet où ils doivent chacun prononcer un éloge d'Eros, l'Amour.
Phèdre commence par dire qu'il est la plus vénérable des divinités, en ce qu'il permet aux hommes d'atteindre la vertu : nul ne veut être considéré comme "mauvais" par son bien-aimé, et donc veillera, lorsqu'il est avec lui ( c'est à dire tout le temps ) à ne faire que de bonnes choses.
Pausanias explique ensuite qu'il y a deux sortes d'amour, l'amour "vulgaire" du corps dont la caractérique est l'inconstance et l'infidélité ( et l'amour des femmes, aussi, mais passons ^^;;; ) et l'amour "céleste" qui consiste à aimer ce qui est meilleur, ce qui peut nous permettre de nous améliorer nous-même et de nous instruire, de nous réaliser nous-même.
Eryximaque parle ensuite d'Amour dans la vie, qu'il n'est pas seulement l'union de deux êtres mais également la force qui préside à bon nombre d'art et de science, notamment la médecine, qui permet la réconciliation du corps avec ce qui est "bon" pour lui. Pour celui là, l'Amour est donc avant tout un principe universel d'accord ( entre les contraires par exemple ) et de création.
Aristophane ( un des grands moments d'humour du livre : il avait été obligé de laisser la parole à Eryximaque parce qu'il avait le hoquet ) développe ensuite son célèbre mythe : l'humanité primitive était composé de trois genres ( masculin, féminin et androgyne ) et chaque individu était double ( homme/homme ; femme/femme ; homme/femme ). Zeus le Père les a tous coupés en deux et leur a donné le pouvoir de reproduction... Ce qui n'empêche pas chaque "moitié" de chercher la sienne, et de ne vouloir faire plus qu'un avec elle lorsque d'aventure il la "retrouve".
Agathon s'amuse ensuite à expliquer la nature d'Eros : le plus beau des dieux, qui inspire les plus belles choses aux hommes et aux Dieux.
Socrate, enfin, qui reprend tous les discours et les critique un par un, en montrant que l'Amour est, au delà du matériel, l'amour du Beau absolu, fils de la Pauvreté et de l'Expédient, qui désire donc sans cesse ce qu'il n'a pas, mais est parfaitement capable de l'obtenir.
Et là desus débarque le plus beau morceau : Alcibiade, complètement bourré, qui prend place et commence, au lieu de prononcer à son tour une éloge d'Eros... à draguer ouvertement Socrate ( !!! ) qui est pour lui "le plus digne d'être aimé", parce qu'ayant découvert la véritable beauté ( celle de la philosophie ).
Un "tour de l'amour" donc, qui fait passer l'Ultime Passion ( donc par définition opposée à la raison ) par la sagesse et la transforme en quête de la Beauté Absolue, non pas dans les êtres, mais dans l'essence. C'est parfaitement applicable au concept d'Amour, même si la véritable notion est à nuancer. Le mythe d'Aristophane, par exemple, si on excepte le côté "loveless en quête du grand amûr qui sera sa propre vie, sa propre existence", est vraiment très intéressant en ce qu'il présente l'homme comme un être fondamentalement en manque. Manque qu'il cherche à combler, par l'amour, par la pensée philosophique...
Et vous, qu'en pensez-vous ?