Mon pays réinventé, Isabel Allende

ISBN : 2-253-11355-7
Mon pays réinventé
Isabel Allende
Le livre de poche
279 pages
6 €

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Résumé : Isabel Allende se confie : " Presque toute ma vie, j'ai été une étrangère, condition que j'accepte car je n'ai pas d'alternative. Plusieurs fois, je me suis vue obligée de partir en brisant des liens et en laissant tout derrière moi, pour recommencer ma vie ailleurs. Ayant choisi l'exil après le coup d'État du 11 septembre 1973 au Chili, Isabel Allende s'est engagée sur le chemin de la littérature. Aujourd'hui, sur un ton léger et émouvant, elle nous livre son Chili mythique, imaginé dans l'exil, territoire de sa nostalgie, seul pays où elle ne se sente pas une étrangère. Ce portrait contrasté du Chili, où sont évoquées sa géographie, son histoire, sa culture ou ses mentalités, est entremêlé de souvenirs et de pensées personnelles qui retracent tout le chemin d'une vie. La famille extravagante, l'enfance, les rencontres, les voyages. Isabel Allende dévoile les origines et donne les clés des personnages et des lieux qui sont la matière de son œuvre romanesque.

Un livre que j'ai beaucoup apprecié, et qui a deux origines.
Le petit fils d'Isabel, qui lui prédit naïvement qu'elle n'a plus "que trois ans à vivre", et une question d'un lecteur sur la nostalgie qui transparaît dans ses livres.

A travers ces pages, de divagations en thème précis, de thème en époque, d'époque en lieux vivants et châtoyants, elle navigue, et nous décrit "son" Chili, lieu inventé, où elle choisit ce qui lui plaît, enlève ce qui lui déplaît. Une place magique, un lieu incroyable, superbe, chaleureux, fantastique, aux paysages grandioses, qui vit plus dans sa littérature et dans son coeur que dans la réalité.

Exilée, émigrante, la littérature lui aura permis d'exorciser ce sentiment d'étrangeté au sein de chaque pays où elle s'est installée. ses racines sont enfoncées profondément dans une seule terre, mais peuvent se mouvoir. Isabel Allende se décrit comme un arbre qui se déplace, et emporte à chaque fois un petit bout de la terre qu'elle quitte, petit bout de nostalgie.

Voici un passage qui résume très bien le livre, et un autre qui m'a beaucoup fait rire (Isabel Allende vit maintenant en Californie, "l'empire des Yankee", comme elle dit si bien) :

J’avais le sentiment que ma vie était un échec ; à trente-cinq ans, je pensais ne plus avoir d’avenir devant moi, hormis vieillir et mourir d’ennui ? Aujourd’hui, me remémorant cette époque, je comprends qu’il y avait bien des possibilités, mais je ne les vis pas ; contrariée et craintive, je fus incapapble de danser au même rythme que les autres. Au lieu de faire un effort pour connaître et apprendre à aimer la terre qui m’avait généreusement accueillie, je n’avais qu’une obsession : le retour au Chili. En comparant cette expérience de l’exil à mon actuelle condition d’immigrante, je vois combien mon état d’âme est différent. Dans le premier cas on s’en va de force, que ce soit en fuyant ou explulsé, et on a le sentiment d’être une victime à qui on a volé la moitié de sa vie ; dans le second cas, on part à l’aventure, de son propre chef, se sentant maître de son destin. L’exilé regarde vers le passé en léchant ses blessures ; l’émigrant regarde vers l’avenir, prêt à mettre à profit les occasions qui se présentent. (Page 248)

Le plus gros problème, c'est que nous ne partageons pas le même sens de l'humour. Willie ne peut croire qu'en Espagnol on me trouve drôle la plupart du temps, et de mon côté je ne sais jamais de quoi diable il peut bien rire. La seule chose qui nous amuse à l'unisson, ce sont les discours improvisés du président George W. Bush.

En bref, un excellent livre, à mi-chemin entre mémoires et autobiographie, qui vous fait voyager dans un réel pays imaginaire. ;-) Celui de son coeur, de ses racines, de son souvenir.
Le Chili réinventé.
NB : Isabel Allende est une cousine du président socialiste Salvador Allende.

ça a l'air effectivement très beau Du grand voyage sur place en perspective.

Exactement ça.
Comme une aquarelle, peinte à la nostalgie...