Madame de Lafayette

Je trouve le refus de la princesse de Clèves de partir avec son n'amoureux à la fin assez fort en fait, et je pense que tout leur amour est fondé sur l'impossible et l'inaccessible. Ce gentilhomme avait une réputation de séducteur quand même, je pense que s'ils avait "succombé", leur amour n'aurait pas autand duré.

Je pense, pour ma part, qu'une telle fin est du au sens moral que l'auteur s'est certainement sentie obligée de mettre pour ne pas être censurée. A l'époque où ça a été écrit, je ne pense pas qu'une héroïne qui s'enfuit avec son amant après la mort de son mari ait été bien vu par la société. Etant donné son rang, Mme de la Lafayette n'aura certainement pas voulu risquer sa défaveur en écrivant une histoire qui aurait choqué, c'était déjà rare d'être écrivain quand on était une femme, je pense qu'elle n'a pas voulu pousser l'audace trop loin.
Du côté de l'histoire en elle-même, j'avoue pour ma part que ça m'exaspère ces héroïnes aussi prudes qui se font souffrir volontairement pour une question de morale et de religion. C'est vrai que d'un point de vue psychologique, c'est très intéressant, car ça montre à quel point les mentalités de l'époque étaient fermes et austères.
Mais bon, cela dit, et c'est peut-être un peu paradoxal, j'aime quand même parce que même si le trouve ce genre de réactions totalement stupides, j'ai aimé parce que du coup ça finit mal. et qu'une fin où la demoiselle s'enfuirait avec son amoureux m'aurait parue trop idéaliste.

Je crois qu'il est précisé dans le livre que d'un point de vue moral, la société n'aurait pas vu cette union d'un mauvais oeil : deux personnes de grande qualité, le délai du deuil était terminé, la princesse de Clèves avait toujours été irréprochable, elle y est même encouragée par certains personnages si mes souvenirs sont bons ... Et alors que cela semble possible, non, cela ne se fait pas. C'est pour cela que j'ai privilégié l'hypothèse psychologique.

C'est vrai Nibel, je n'avais pas fait attention à ce détail là Mais une fois de plus, je pense que même si la noblesse ne l'aurait pas forcément vu d'un mauvais oeil ( car ils ne s'en privaient sûrement pas eux-mêmes ), c'était quand même une époque où les romans devaient revêtir un sens très moral même si le roi en général le voulait plus pour les apparences que pour ses propres convictions.

Et pour répondre au débat... Je ne sais pas si la fin est vraiment dûe aux exigences de la morale et de la censure... Je pense plutôt qu'elle illustre les convictions précieuses de Mme de La Fayette : la passion est mauvaise, le désir est souffrance, et on doit chercher le repos avant tout^^