Moderato Cantabile ( Marguerite Duras )

Moderato Cantabile
Marguerite Duras

"Qu'est-ce que ça veut dire, moderato cantabile ?
-Je ne sais pas."
Une leçon de piano, un enfant obstiné, une mère aimante, pas de plus simple expression de la vie tranquille d'une ville de province. Mais un cri soudain vient déchirer la trame, révélant sous la retenue de ce récit d'apparence classique une tension qui va croissant dans le silence jusqu'au paroxysme final.
"Quand même, dit Anne Desbarèdes, tu pourrais t'en souvenir une fois pour toutes. Moderato ça veut dire modéré, et cantabile, ça veut dire chantant, c'est facile."

Quand je suis descendue ce matin avec ce bouquin à la main, ma mère s'est exclamée : "Tu lis Duras ? Fais gaffe, c'est très spécial."
Et en effet, maman, tu avais raison, c'est vraiment très très space O___O Je n'avais jamais ouvert un livre de Duras, ne m'étant frottée jusqu'alors qu'à ses lecteurs plus ou moins enthousiastes et désabusés... Les uns me disaient qu'elle avait un style remarquable, quoiqu'unique, les autres haussaient les épaules.
Pour moi, j'avoue que je n'en suis encore pas tout à fait remise. "Moderato cantabile" est un récit dialogué, tout blanc, sans couleurs apparentes, sinon celles de l'enfant têtu dont les rapports houleux avec le piano rythment le texte. Sa mère, Anne Desbarèdes, est le véritable pilier de l'histoire, mais dans le même genre que la Desqueyroux de Mauriac, c'est un fantôme. Un spectre blanc dont la triste fadeur se pare peu à peu de mystère, au fur et à mesure qu'elle vide verre de vin sur verre de vin, en parlant avec "l'homme". Chauvin, dont on ne saura jamais ce qu'il a réellement été pour elle. Ancien amant ou simple connaissance nouée au bar à la faveur d'un fait divers à commenter ?
Un livre tout en demi-mots, en sous-entendus, en images dont on ne sait ce qu'elles valent, et même : si elles valent quelque chose. Ce livre est un paquet de promesses en filigrane qu'il appartient au lecteur seul de tenir.
Je crois que je n'ai jamais rien lu de plus frustrant. Jamais, en le lisant, je n'ai eu la plus petite impression de limpidité, malgré le laconisme simpliste du style et l'apparente sobriété des images. En le refermant, je me suis dit : "Je crois que je n'ai strictement rien compris. Mais est-ce qu'il y avait seulement quelque chose de plus que toute cette histoire de femme paumée à comprendre ?"
On referme ce livre, et on se demande si on a vraiment fait quelque chose d'utile, quelque chose de constructif, et si on a pas perdu trois heures à lire ce défilé de phrases blanches désespérémment obscures. Et en même temps, on meurt d'envie de recommencer, de relire, pour découvrir ce qui nous a fait défaut tout au long de la lecture, pour comprendre le sens caché, pour avoir le dernier mot.
C'est peut-être, la grande force de Marguerite Duras : elle a toujours le dernier mot.
...
Cela dit, dès que je peux, je retente. Pas question d'en rester là

MDRRR oui en effet Duras a une écriture abominable. J'ai lu deux bouquins d'elle et dans les deux il ne se passe pas grand chose et c'est d'ailleurs je crois une des caractéristiques du Nouveau Roman. Bref je comprends très bien que tu n'aies pas aimé et que tu aies eu l'impression de perdre ton temps. Par contre là où je ne comprends plus, c'est que tu aies envie de recommencer. Il doit y avoir une part de masochisme en toi.
Par contre je crois qu'il y avait déjà un post sur cet auteur, soyez gentils de vérifier dés que vous voulez créer un post sur un bouquin, que quelqu'un n'a pas déjà parlé de cet auteur ailleurs histoire de le mettre dans le même fil.

Ah, je n'ai pas dit que je n'avais pas aimé ! Au contraire : ce livre ne m'a pas laissé indifférente, au sens où il m'a tellement filé mauvaise conscience quant à mon boulot de lectrice, que je crois que je peux dire que c'est un bon roman. Du moins, un truc capable de vous faire réfléchir et qui ne s'oublie pas après coup. Et je ne dirais pas non plus que Duras a une "écriture abominable". Elle a un style très laconique, dur, limite simpliste, comme je l'ai dit... Mais pas horrible. Very Special, mais pas horrible Cela dit, je suis d'accord avec toi sur le fait qu'il ne s'y passe rien de bien palpitant, et qu'à la fin, oui, on a vraiment la sale impression d'avoir perdu son temps. Mais c'est justement ça qui me donne envie de réessayer, parce que justement, il doit y avoir un peu plus que ça derrière.
Enfin j'espère

( yup, Gaby avait déjà créé un topic sur "l'Amant"... Faut-il les rassembler ? )

Ben disons qu'en général ce qu'il y a derrière ses romans, c'est surtout des détails de sa vie qui l'ont marquée, ce qui - si je puis me permettre - n'intéresse pas forcément le lecteur.
Pour ce qui est de l'écriture, justement je déteste son style trop simple, ses micro phrases qui ne sont même pas des phrases et ses répétitions volontaires qui sont d'une lourdeur.
S'il y a bien un auteur qui écrit à tort et à travers sans construire une intrigue, c'est bien elle.